La crise du COVID19 qui frappe nos sociétés a révélé les défaillances du système libéral. Elle a fait aussi apparaître les fragilités de l’Etat qui depuis des années désarme ses services publics et se prive ainsi de puissants leviers d’action. Ce diagnostic est valable au niveau national comme au niveau européen. De renoncements en renoncements, le pays et l’Europe se sont retrouvés fort dépourvus quand la crise est survenue.
La fameuse « solidarité européenne » durant la crise du COVID était un mirage. L’exemple développé dans cet édito, confirme ce triste constat. Depuis la mi-avril l’Escaut, important fleuve de la région des Hauts-de-France qui traverse également les régions belges de Wallonie et des Flandres est frappé par une pollution massive. Une usine de betteraves située dans le département du Nord a relâché 100 000 m³ de boues de lavages qui ont entraîné la destruction quasi totale de toute vie aquatique. C’est une catastrophe écologique majeure. L’Escaut a longtemps été l’un des fleuves les plus pollués d’Europe de part sa proximité avec de grands bassins sidérurgiques et métallurgiques. Il est à nouveau frappé. Les scientifiques estiment qu’il faudra 10 à 15 ans du côté français pour repeupler le fleuve en poissons. Côté belge, des mesures préventives ont été prises et ont permis de réduire l’impact de la catastrophe. Il faudra tout de même des années avant de retrouver un écosystème pérenne.
La gestion de cette crise pose question. La préfecture et le gouvernement français n’ont en effet pas jugé bon de prévenir les autorités belges situées en aval de l’autre côté de la frontière. L’absence d’alerte venant des autorités françaises est une faute scandaleuse. La situation souligne le manque de concertation et de réponses transfrontalières concertées. Les autorités belges et en particulier la région Wallonie ont d’ores et déjà décidé de porter plainte. Plusieurs élus locaux français ont fait de même. Pourquoi les autorités belges n’ont-elles pas été prévenues ? Pourquoi les différents plans de prévention des risques n’ont-ils pas été activé en collaboration avec nos voisins ?
Notre pays dispose certes des « comités de bassin », véritables « parlement de l’eau » qui regroupent les acteurs politiques, associatifs et économiques. Ils fixent collectivement les plans d’action à appliquer sur leur bassin et dispose d’une capacité d’action financière issue de la taxe « pollueurs-payeurs » de plus de 2 milliards d’Euros par an. Ces dispositifs sont-ils encore suffisants face à l’ampleur d’une catastrophe de ce type ? C’est le moment pour la France et l’Europe de concevoir de nouveaux outils.
Au delà de l’inefficacité de la réaction européenne se pose aussi la question de notre modèle agricole. Le site d’où proviennent les écoulements polluants appartient à Tereos, 3ème groupe sucrier mondial présent dans 18 pays et qui exploite de façon intensive les sols pour produire betterave sucrière et canne à sucre.
Le Parti de Gauche demande dès à présent une enquête au niveau national et européen pour faire toute la lumière sur cette catastrophe. Le PG demande que soient revues et renforcées les modalités d’alerte et de coopération transfrontalières en cas de catastrophe écologique et sanitaire. Nous souhaitons également que l’État prenne ses responsabilités et propose, en concertation avec nos voisins belges, un grand plan d’action transfrontalier de dépollution. Enfin, il apparaît nécessaire de lancer une vaste évaluation de la maintenance et de l’entretien des sites industriels qui bordent
l’Escaut.
Sachons tirer leçon des catastrophes : plus que jamais, l’antidote aux crises sociales et écologiques, c’est l’Ecosocialisme !